Article de Martine Demanet, responsable formations au sein de la Fédération de l'Aide et des Soins à Domicile.
Voilà que nous entamons la troisième semaine de confinement…
Deux sentiments intimement mêlés : l’impression de moins de pression, d’une prise de recul salutaire, d’un ralentissement bénéfique… et dans le même temps, une angoisse continuelle, une tristesse latente en pensant à tous ceux qui luttent contre la maladie, à tous les soignants qui vont au feu sans toujours avoir le matériel adéquat, en pensant à nos proches qu’on ne peut plus soutenir comme avant ...
Depuis quelques temps, tout a changé au niveau professionnel : l’environnement de travail, les moyens de communiquer, plus aucun déplacement, uniquement des rencontres virtuelles avec les collègues, moins de repères dans mes journées …
Ma fonction s’est arrêtée : rencontres multiples interdites, donc pas de possibilités de poursuivre les formations, plus aucun contact avec les professionnels des ASD, ou très peu !
Le sens donné à mes journées s’est brutalement modifié ! Tous les matins, je me pose des questions : comment rester utile, attentive, comment garder les liens indispensables pour continuer à exister ?...
Alors, il faut se réinventer, trouver de nouveaux modes d’agir, s’habituer à une autre vie !
Apprivoiser la patience et accueillir les demandes ! Pas simple pour quelqu’un dont le quotidien était fait d’actions et de contacts en direct.
S’intéresser aux collègues dont la charge de travail s’est alourdie, prendre des nouvelles des formateurs surtout ceux qui sont au front, médecins, infirmières, enseignants …
S’atteler enfin à écrire des procédures, des réflexions, laisser des traces pour demain.
C’est le partage de ce que nous vivons aujourd’hui qui nous aidera à transformer demain !
Et puis, annuler ce qui était prévu et déjà réfléchir à l’après… L’occasion d’un contact avec ceux qui sont en première ligne, l’occasion de demander des nouvelles, de les écouter, de les soutenir et de les remercier de garder intact leur engagement.
Et aussi, savourer le bonheur de redécouvrir une équipe, une fédération porteuse de sens, une direction qui montre la route, qui retisse les liens de confiance qui permettent d’agir et de faire grandir.
Puisque du temps m’est donné, réfléchir à ce qui m’anime, me fait vivre… et confirmer : j’aime mon travail, rencontrer des gens, les écouter, développer des formations, donner de l’énergie… c’est cela qui me nourrit et me donne l’énergie vitale.
Et déjà penser à ce que nous ferons une fois la tragédie éloignée de nous… comment allons-nous retrouver nos bureaux, comment allons-nous ré-habiter nos fonctions ?...
Comment serons-nous plus attentifs aux autres, comment prendrons-nous mieux soin de nous ?
Prendrons-nous le temps de partager nos expériences pour nous améliorer ?
Ce virus nous rappelle que nous sommes voués à vivre ensemble, reliés les uns aux autres et ce, même pendant le confinement.
Alors, je me dis que si nous sommes capables de déployer les mêmes trésors de solidarité, d’énergie, d’intelligence collective, d’attention aux autres, de courage, d’engagement pour soutenir tout ce qui doit l’être ... nous en sortirons grandis.
Nos retrouvailles seront joyeuses !
Tout aura une autre couleur, une autre saveur. La vie sera plus appréciée.
Voilà mes humbles pensées matinales si pleine d’espoir … de vous retrouver bientôt.
Ensemble & pour vous – Martine Demanet